Учебное пособие: Notions preliminaires. Le mot

Si l'approche diachronique permet d'expliquer l'état actuel du vocabulaire, l'approche synchronique aide à révéler les facteurs qui en déterminent le mouvement progressif. En effet, le développement du vocabulaire se fait à partir de nombreux modèles d'ordre formel ou sémantique qui Sont autant d'abstractions de rapports différents existant entre les vocables à une époque déterminée. On pourrait citer l'exemple du suffixe - on tiré récemment du mot électron et servant à former des termes de physique (positon, hégaton). L'apparition de ce suffixe est due à l'opposition du mot électron aux mots de la même famille électrique, électricité.

Le suffixe - Ing d'origine anglaise a des chances de s'imposer au français du fait qu'il se laisse facilement dégager d'un grand nombre d'emprunts faits à l'anglais. Tel a été le sort de nombreux suffixes d'origine latine qui aujourd'hui font partie du répertoire des suffixes français. Par conséquent, les multiples liens qui s'établissent entre les unités lexicales à une époque donnée créent les conditions linguistiques de l'évolution du vocabulaire. Ainsi la synchronie se rattache intimement à la diachronie. .

§ 3. Le vocabulaire en tant que système. Dans la série hardiesse, audace, intrépidité, témérité chacun des membres se distingue, par quelque indice sémantique quf~eTr constitue l'individualité et la raison d'être: hardiesse désigne une qualité louable qui pousse à tout oser, audace suppose une hardiesse excessive, immodérée, intrépidité implique le mépris du danger, témérité rend l'idée d'hardiesse excessive qui agit au hasard, et par conséquent, prend une nuance dépréciativeA.

On peut prévoir, sans risque de se tromper, que si encore un synonyme venait à surgir il aurait reçu une signification en fonction de celles de «ses prédécesseurs». Et, au con traire, il est probable que la disparition d'un des synonymes serait suivie de la modification sémantique d'un des autres membres de la série qui aurait absorbé la signification du synonyme disparu.,' '. •"'"

4iajis la diachronie les moindres modifications survenues à quelque vocable se font infailliblement sentir sur d'autres vocables reliés au premier par des liens divers. Il est aisé de s'en apercevoir. Les modifications sémantiques d'un mot peuvent se répercuter sur les mots de la même famille. Le mot habit voulait dire autrefois « état » - 'cocTOHHHe'; en prenant le sens de « vêtement » il a entraîné dans son développement sémantique le verbe habiller formé de « bille » - 'partie d'un arbre, d'un tronc préparée pour être travaillée'; ' l'apparition des dérivés habilleur, habillement, déshabiller est due à l'évolution sémantique du verbe. L'emploi particulier d'un mot peut également avoir pour résultat la modification de sa signification. AinSj, par exemple, un mot qui se trouve constamment en voisinage d'un autre mot dans la parole peut subir l'influence sémantique de ce dernier. Tels sont les cas des substantifs pas, point, de même que rien, personne, guère qui ont fini par exprimer la négation sous l'influence de ne auquel ils étaient rattachés.

Il s'en suit que dans l'étude du vocabulaire une importance particulière revient aux rapports réciproques qui s'établissent entre les unités lexicales.

Le système du lexique, comme tout autre système, suppose l'existence d'oppositions. Ces oppositions s'appuient sur des rapports associatifs ou virtuels existant au niveau de la langue-système. Elles appartiennent au plan paradig-matique. Chaque unité lexicale entretient, en effet, divers rapports associatifs avec les autres unités. Prenons l'exemple de F. de Saussure qui est celui du mot enseignement. A partir du radical enseignement est en rapport paradigmatique avec enseigner, enseignons, enseignant, etc.; envisagé sous l'angle sémantique il s'associe à instruction, apprentissage, éducation, etc. L'ensemble des unités entretenant entre elles nelle permet au lexicologue de déceler les facultés comblna-toires des mots et de leurs éléments constituants (constituants immédiats, morphèmes, phonèmes).

L'analyse distributionnelle rejoint la méthode contextuelle qui consiste dans la présentation des phénomènes linguistiques dans un contexte verbal déterminé. Cette dernière méthode est largement utilisée dans les récents ouvrages lexicographiques soucieux de fournir aux usagers un riche inventaire d'emploi des vocables afin d'en rendre plus tangibles les nuances sémantiques et l'usage.

Vu que tout mot construit peut être transformé en une construction syntaxique la méthode transformationnelle s'avère utile lorsqu'on veut en préciser le caractère et le degré de motivation. Par exemple, la transformation de jardinet - petit jardin nous autorise à affirmer que ce mot construit est motivé par le mot jardin qui en est la base dériva-tionnelle; en plus, elle permet de constater le plus haut degré de la motivation puisque les deux éléments constituant le mot jardinet/jardin-et/soni suffisants pour en déterminer le sens (le suffixe - et à valeur diminutive équivalant sémantiquement à 'petit'). Par contre, la transformation de graveur - personne qui grave, tout en nous renseignant sur le mot de base (graver), n'en épuise pas la signification qui est « personne dont le métier est de graver » (cf. faucheur - « personne qui fauche »); ce fait signale une motivation inférieure, dite idiomatique.

Il n'est pas toujours aisé d'établir la direction dérivative pour deux mots qui supposent un rapport dérivationnel. Tel est, par exemple, le cas de socialisme et socialiste. La méthode transformationnelle permet, en l'occurrence, d'expliciter la direction dérivative: socialiste devra être interprété comme étant dérivé de socialisme du fait que la transformation socialiste - partisan du socialisme est plus régulière 1 que la transformation socialisme - doctrine des socialistes. Ainsi la méthode transformationnelle rend un service aux lexicologues dans l'examen des rapports dérivationnels existant au sein du vocabulaire.

Dans les études portant sur le contenu sémantique des vocables on fait appel à l'analyse componentielle (ou sémi-que). Cette dernière vise à déceler les unités minimales de signification (composants sémantiques, traits sémantiques ou sèmes) d'une unité lexicale (mot ou équivalent de mot). L'analyse componentielle met en évidence non seulement la structure profonde de la signification 1t mais aussi les rapports sémantiques qui existent entre les vocables faisant partie des séries synonymiques, des groupes lexico-sémanti-ques, des champs syntagmatiques et autres groupements. Les méthodes spéciales appliquées en lexicologie visent à décrire de façon plus explicite la forme et le contenu des unités lexicales, ainsi que les rapports formels et sémantiques qu'elles entretiennent.

CHAPITRE II

Le mot.

§ 1. Le mot - unité fondamentale de la langue.

Le mot est reconnu par la grande majorité des linguistes comme étant une des unités fondamentales, voire l'unité de base de la langue. Cette opinion qui n'a pas été mise en doute pendant des siècles a été révisée par certains linguistes contemporains. Parmi ces derniers il faut nommer des représentants de l'école structuraliste, et en premier lieu des linguistes - américains tels que Harris, Nida, Gleason, selon lesquels non pas le mot, mais le morphème serait l'unité de base de la langue. Conformément à cette conception la langue se laisserait ramener aux morphèmes et à leurs combinaisons a.

Dans la linguistique française on pourrait mentionner Ch. Bally qui bien avant les structuralistes américains avait déjà exprimé des doutes sur la possibilité d'identifier le mot. Son scepticisme vis-à-vis du mot perce nettement dans la citation suivante: « La notion de mot passe généralement pour claire; c'est en réalité une des plus ambiguës qu'on rencontre en linguistique » 9. Après une tentative de démontrer les difficultés que soulève l'identification du mot Ch. Bally aboutit à la conclusion qu' « II faut... s'affranchir de la notion incertaine de mot ». En revanche, il propose la notion de sémantème (ou sème) qui serait « un signe exprimant un* Idée purement lexicale » *, et la notion de molécule

L'asymétrie qui est propre aux unités de la langue en général est particulièrement caractéristique du mot. Cette asymétrie du mot se manifeste visiblement dans la complexité de sa structure sémantique. Le même mot a le don de rendre des significations différentes. Les significations mêmes contiennent des éléments appartenant à des niveaux différents d'abstraction. Ainsi, le mot exprime des significations catégorielles: l'objet, l'action, la qualité. Ces significations sont à la base de la distinction des parties du discours. A un niveau plus bas le mot exprime des significations telles que la nombrabilité/la non-nombrabilité, un objet inanimé/un être animé. A un niveau encore plus bas le mot traduit diverses significations lexicales différencielles.

Notons encore que le mot constitue une réalité psychologique: c'est avant tout les mots qui permettent de mémoriser nos connaissances et de les communiquer.

Ainsi, le mot est une unité bien réelle caractérisée par des traits qui Jui appartiennent en propre. Malgré les diversités qui apparaissent d'une langue à l'autre le mot existe dans toutes les langues à ses deux niveaux: langue-système et parole. Les mots (et, ajoutons, les équivalents de mots) constituent le matériau nécessaire de toute langue.

§ 2. Le mot (son enveloppe matérielle) et la notion.

La linguistique marxiste reconnaît l'existence d'un lien indissoluble entre la pensée de l'homme et la langue. Déjà K. Marx constatait que la langue est la réalité immédiate de la pensée, qu'elle est la « conscience réelle, pratique ». « Les idées, disait K. Marx, n'existent pas en dehors de la langue. » L'homme pense au moyen de notions qui se combinent en jugements, il communique sa pensée à l'aide de mots qui s'agencent en propositions. Ces catégories logiques et linguistiques 'apparaissent toujours dans leur liaison étroite.

Notre pensée ne trouve sa réalisation que dans la 'matière, en l'occurrence, dans la matière sonore (ou graphique, son succédané) sous forme de mots et de propositions qui servent à rendre des notions et des jugements. On peut parler de notions pour autant qu'elles sont matérialisées sous forme de mots (ou d'équivalents de mots). Ceux des linguistes ont tort qui affirment qu'il existe une pensée abstraite non formulée en paroles 1, que « toute pensée, si simple soit-elle, est incommunicable dans son essence, la langue en donne une image schématique et déformée». Il faut donner raison à F. de Saussure 8 lorsqu'il dit que le son et la pensée sont inséparables de la même manière que le recto d'une feuille de papier est solidaire du verso.

Permettons-nous encore cette comparaison très réussie de H. Von Kleist: « L'idée ne préexiste pas au langage, elle se forme en lui et par lui. Le Français dit: l'appétit vient en mangeant; cette loi empirique reste vraie quand on la parodie en disant: l'idée vient en parlant ».

Le rôle des mots ne se borne pas à transposer la notion dans la forme verbale, mais à servir de médiateur actif et indispensable dans la formation de la notion, pour son devenir. Le mot participe lui-même à la formation de la notion.

D'après la théorie de la connaissance de V.I. Lénine, - le mot et la notion présentent une unité dialectique.

V.I. Lénine dit que tout mot généralise.

Examinons ce processus.

Dans quel rapport se trouvent le mot et la notion? Dans quel rapport se trouvent la notion et l'objet de la réalité?

Dans ses «Cahiers philosophiques» V.I. Lénine répond à ces questions. Lénine distingue deux degrés de la connaissance.

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