Топик: Межкультурные коммуникации. Proverbes
- Aux XVIIe et XVIIIe siècles : discrédit du proverbe, floraison de la maxime. Adrien de Montluc donne la Comédie de proverbes (1616), où il les met en litanie pour en ridiculiser l'emploi. Vaugelas, dans ses Remarques sur la langue française (1647) proscrit le proverbe. Concurremment la maxime fleurit.
- Au XVIIIe siècle, en France : le proverbe dramatique = courte pièce de théâtre dont le titre et le mot de la fin est un proverbe laissé à la sagacité du spectateur. Carmontelle (1717-1806).
- Le jeu des proverbes reste à la mode jusqu'au XVIIIe siècle (avec Collé, Carmontelle et Berquin).
- L'éveil des nationalités et le romantisme vont remettre à la mode les contes et les proverbes. Sont effectués en France les premiers recensements systématiques. Ex. : celui de La Mésangère (1827) et le Livre des proverbes français d'Antoine Leroux de Lincy (1840). La recherche philologique allemande suit à partir de 1859. Edmund Stengel, Adolf Tobler.
- Cette vogue produit plusieurs oeuvres originales où la culture populaire semble régénérer l'art salonnier : Quitte pour la peur (1833) d'A. de Vigny et On ne badine pas avec l'amour (1834) et Comédies et proverbes (1840) d'A. de Musset.
2) Origines de la devise .
Les cris de guerre médiévaux permettant l'identification des combattants au visage caché par le heaume. Sentences accompagnant les emblèmes héraldiques. La mode des devises date des guerres d'Italie : imitant la noblesse, écrivains et imprimeurs signèrent leurs oeuvres de formules plus ou moins emblématiques ou anagrammatiques, de Clément Marot ("La mort n'y mord") à Maurice Scève ("Non si non là"). Tourné en dérision par du Bellay (Défense et Illustration de la langue française , II, 11), l'usage de la devise disparut après 1565.
3) Origines de la maxime.
- Chez les latins : phrase dans laquelle on dit beaucoup de choses en peu de mots. Idéal chez les Romains : la concision. Substantifs plus que verbes. Art de la concision. Économie de roches sur lesquelles on écrivait. Les écrivains en créaient. De l'écriture au proverbe.
- Pour Quintilien, la brevitas s'oppose à la copia , elle se signale par la densité d'une forme qui dit beaucoup en peu de mots. Ce souci de concision, lié à l'exigence de la clarté demeurera à toutes les époques la vertu classique par excellence.
- Au Moyen Age, la doctrine des Pères de l'Église est compilée sous forme de sentences par Anselme de Laon, Pierre Lombard, Robert de Melun, etc. La sentence est d'essence théologique mais elle garde son caractère de proposition personnelle. Le plus célèbres des sententiaires est Pierre Lombard. Il a laissé un recueil de textes des Pères dogmatiques, dans lequel sont rassemblés des sentences sur des problèmes très variés.
- Cette mode continue au XVe siècle, mais en français et sous forme de quatrains moraux, avec Gui de Faur de Pibrac, Antoine Faure, Pierre Matthieu. Ronsard formule de nombreuses maximes dans son poème Sur l'adolescence du roi très-chrétien .
- La mode des maximes fait fureur dans le monde des précieuses. La maxime correspond au goût si vif du temps pour tout ce qui touche à l'analyse psychologique.
- La maxime en tant que genre spécifique contribuant à renouveler l'analyse morale et psychologique n'est véritablement apparue que dans l'entourage de Mme de Sablé, Jacques Esprit, La Rochefoucauld. La tradition est reprise au XVIIIe siècle par Chamfort, Voltaire et Diderot.
Postérité .
- Les poèmes gnomiques, qui mettent en vers des maximes.
- L'esthétique du fragment . Frédéric Schlegel. Les textes de l'Athenaeum .
- Les clichés sont poursuivis depuis le romantisme. La formule clichée n'a de valeur que comme moyen trop facile de communion avec l'auditoire. Les beaux esprits ne veulent pas vivre de recettes. A la condamnation d'expressions jugées triviales et populaires s'ajoute le refus d'une "sagesse" perpétuant sa loi sous forme d'une mise en fiche proverbiale du comportement de l'individu. Le déclin du proverbe s'est accompagné d'un renoncement progressif à la métaphore. Les proverbes attestés plus récemment dans les recueils s'éloignent du domaine concret pour évoquer plus littéralement et sur un mode abstrait le monde moral et affectif. Beaucoup d'énoncés abstraits et moralisateurs sont attestés dès les premiers manuscrits ("L'homme propose et Dieu dispose", "Qui aime bien châtie bien"), mais ce qui a été perdu avec le temps, ou parfois avec la modernisation syntaxique, c'est la force de la formule, sa frappe (prosodie, rime, etc.), comme si elle jouait le même rôle que la métaphore dans les autres énoncés : celui d'une griffe authentifiant le proverbe. L'appauvrissement du fonds proverbial français va de pair avec la perte d'une exigence rhétorique, comme si désormais plus rien du savoir humain ne pouvait se mettre en images ou en formules.
- Le peuple continue à créer des proverbes, qui affleurent et se répandent en période de crise, lorsqu'un groupe social ou une nation opprimée se trouvent obligés d'affirmer leur identité et leur force. Ex. : ceux qui sont apparus sur les murs de Nanterre en mai 1968 : "Métro, boulot, dodo" et "Sous les pavés la plage".
- Les slogans, les mots d'ordre, constituent des maximes élaborées pour les besoins d'une action particulière. Ils doivent s'imposer par leur rythme, leur forme concise et facile à retenir, mais ils sont adaptés aux circonstances, doivent toujours être renouvelés et ne participent pas encore au large accord traditionnel dont jouit le proverbe. Leur rôle est celui d'imposer, par leur forme, certaines idées à notre attention. Les slogans publicitaires ("Un verre ça va, trois verres, bonjour les dégâts").
- Les substitutions dans les proverbes pratiquées par les surréalistes (Breton et Éluard). Ex. : Il faut battre sa mère pendant qu'elle est jeune. Travail de dérision de la signification, de Rrose Sélavy de Desnos aux Mots sans mémoire de Leiris.
- Les métaproverbes. Le détournement systématique d'expressions proverbiales et de proverbes, à la fois sur le plan phonétique et sémantique. Les métaproverbes ironisent sur les slogans publicitaires et sur les principes de notre société. Ex. : "On a souvent besoin d'un plus petit que soi, pour lui casser la gueule" (Pierre Péret) ou les Proverbes d'aujourd'hui , de Guy Béart.
- Le wellérisme. Sam Weller, le héros de Charles Dickens dans Monsieur Pickwick cite des chapelets de phrases sentencieuses. Sam Weller a donné son nom aux wellérismes. Déjà attesté au IIIe siècle avant notre ère, le wellérisme est la contestation parodique de la parémie, dont il tourne en ridicule l'argument d'autorité. Il comporte trois séquences : le premier segment est soit une parémie soit une pseudo-parémie; le deuxième, introduit par la formule "comme disait un tel", attribue la citation à un "héros", un personnage historique ou légendaire, et le circonstant apporte la touche comique.
- Le genre est redécouvert au cinéma. Ex. : Éric Rohmer qui, entre 1981 et 1988, regroupe un ensemble de six films sous le titre général Comédies et proverbes .
Un peu de psychologie
Dans ce paragraphe je voudrais présenter le point de vue d’un psychologue canadien m. Georges-Henri Arenstein.
Il arrive souvent que certaines personnes, ne sachant plus quoi dire dans une conversation, citent un proverbe passe-partout pour meubler un silence.
Ce recours à une phrase toute faite, extraite de la sagesse populaire, frappe par son caractère absolu. Et son caractère absolu semble surgir du simple fait que la phrase est connue de tous. Donc, croit-on, elle doit être vraie.
Si le recours aux proverbes a un petit quelque chose de rassurant, je ne peux m'empêcher de penser qu'il s'agit d'un mécanisme de défense qui empêche le vrai contact et qui empêche les ajustements créateurs. En effet, lorsque la phrase est dite, le silence cesse d'être gênant. La personne est mieux assise sur sa nouvelle certitude. Elle semble protégée maintenant par la sagesse des nations !