Книга: Учебное пособие по французскому языку на материале текстов из романа Г.Шевалье Клошмерль

Le ministre questionna le secrétaire:

- Sait-il que je suis seul?

- Il dit qu'il en est sûr, monsieur le ministre.

- Allez, amenez-le, ordonna Luvelat, avec une petite

grimace.

Il se leva, dès que la porte s'ouvrit, pour aller au-devant de son visiteur, avec un air de surprise charmée.

- Mon bien bon ami, c'est une véritable gentillesse de votre part...

- Je ne vous dérange pas, mon cher ministre?

- Vous plaisantez, mon cher Bourdillat! Vous, un de nos vieux républicains, un des piliers du parti, me déranger! Vous ne pouvez que me rendre service par vos conseils. Nous, les jeunes, nous vous devons beaucoup. Asseyez-vous, mon cher ami. Puis-je vous être utile? Rien de grave, j'espère?

Bourdillat alla droit au but.

- Les curés se foutent de nous[27] , monsieur le ministre.

- De quoi s'agit-il, mon bon ami?

- De Clochemerle, dit Bourdillat, pensant étonner le ministre.

- Ah, fit Luvelat sans inquiétude.

- Vous ne savez pas ce que c'est, peut-être?

- Clochemerle?.. Mais si, mon cher Bourdillat. Comment l'ignorer? N’y êtes-vous pas né? Un charmant petit pays, deux mille cinq cents habitants.

- Deux mille huit cent, dit Bourdillat, avec l'orgueil du pays natal. Mais vous ignorez probablement ce qui se passe à Clochemerle? Alors que c'est tout simplement une honte, en plein XX siècle? Clochemerle va retomber au pouvoir des curés, ni plus ni moins. Figurez-vous, mon cher ministre...

- Oui, dit Luvelat, oui, je sais... Focart me le disait précisément, il n’y a pas deux heures.

- Focart est déjà venu ? demanda Bourdillat.

- Il n’y a pas deux heures, je vous le répète. Il était assis dans le fauteuil que vous occupez en ce moment, mon bon ami.

- De quoi se mêle-t-il, ce type-là? s’écria Bourdillat.

- Mais Clochemerle fait partie de sa circonscription, il

me semble?

- Et après?[28] Clochemerle, c’est mon pays, mon pays natal, mon cher ministre. Est-ce que cela me concerne mieux que personne, oui ou non? Moi, ancien ministre, on veut intriguer dans mon dos!

- Il est certain, dit Luvelat, que Focart avant de venir me trouver, aurait pu peut-être...

- Comment, peut-être? rugit Bourdillat.

- Je veux dire aurait dû, oui, aurait dû, certainement, vous parler. C’est par désir de ne perdre aucun temps...

La supposition du ministre fit ricaner Bourdillat. Il ne croyait pas un mot de ce que disait Luvelat qui ne prononçait ces phrases vides que pour envenimer les rapports[29] entre Bourdillat et Focart. Ce faisant[30] , il appliquait un autre de ses grands principes politiques : « Deux hommes occupés à se haïr ne peuvent pas s’unir sur le dos d’un troisième ». Nouvelle forme de la vieille maxime à l’usage des princes : diviser pour régner.

Bourdillat répondit :

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